Au Sunoco, on tourne à droite – km 3266

Ça y est, je suis arrivé au point le plus nordique de mon aventure. En fait, je ne suis jamais allé plus au nord de ma vie. Tampere en Finlande se trouve à une latitude de 61°30′. C’est environ 2° plus au nord que Kuujjuaq, mais grâce au gulf stream (ou un autre), la température y est quand même assez clémente et la végétation ressemble beaucoup à la forêt boréale. Ceci étant dit, il commence à faire assez froid et les nuits frôlent le point de congélation. Je tourne à droite et me dirige maintenant vers le sud avec comme objectif d’arriver au Maroc dans trois mois.

En partant d’Uppsala, j’ai roulé vers l’est et pris un traversier vers la Finlande. Pour faciliter la transition entre la Suède et la Finlande, un groupe d’irréductibles Suédo-Finlandais (c’est comme des Gaulois) occupent l’archipel d’Åland qui appartient à la Finlande, mais qui jouit d’une autonomie particulière. 30 000 Ålandais sont répartis sur un archipel de 6000 îles environ. Seulement une poignée est habitée. Pour des raisons historiques assez complexes, les Ålandais peuvent gérer eux-même la majorité des institutions politiques de l’île avec peu d’intervention d’Helsinki. La Finlande est officiellement bilingue. Le finlandais et le suédois sont les deux langues officielles. Åland par contre n’a qu’une langue officielle et c’est le suédois. l’éducation et tous les services gouvernementaux sont offerts en suédois uniquement. Les élections s’en viennent et un des partis favoris prône l’annexion de l’archipel avec la Suède. À suivre…

En Finlande, peu de péripéties. J’ai débarqué à Turku, ville de taille moyenne de la côte ouest qui n’est pas reconnue pour son architecture – la ville a souvent été rasée par les flammes – à moins d’aimer les boîtes carrées des années soixante, mais l’exportation de joueurs de hockey dont un certain Saku Koivu. Ah oui, il y a aussi un château dont la construction a débuté au 13e siècle. Le château a subi plusieurs modifications et agrandissements au fil du temps et c’est rendu un vrai labyrinthe. 160 km plus au nord, j’ai rejoint Tampere, aussi connu comme la Manchester de Finlande. C’est le berceau de l’industrialisation du pays et cette époque est encore bien présente dans l’architecture. Pourquoi une ville industrielle au 19e siècle voit-elle le jour si au nord? Parce que la ville est situé entre deux lacs reliés par des rapides d’une hauteur de 18 mètres. Avec ça, on peut faire beaucoup d’énergie et les Finlandais l’on compris assez vite. La majorité des usines ont été converties en condos et en bureaux, mais certaines sont encore actives. On peut donc voir d’un côté de la rivière deux pêcheurs sortir un saumon de plus de 2 kilos et de l’autre une usine qui rejette de la vapeur dans l’eau. Et tout ça, en plein centre-ville.

Y’a beaucoup moins de Volvo ici qu’en Suède, mais j’en ai croisé une à Lempäälä (20 km au sud de Tampere) que j’avais déjà vu avant. Les parents d’Ellen, la blonde de François, ont un chalet sur le bord d’un lac à 8 km de Lempäälä. Par hasard, Ellen et François passait la fin de semaine au chalet et m’ont invité à y passer une journée. Voici les indications pour me rendre au chalet que François m’avait envoyé : « Voici l’adresse pour nous rejoindre : Inniläntie 360, Lempäälä, Finlande. Le chemin autour du lac est en gravel, puis soudain il devient en terre battue et fait des courbes assez prononcées et finalement c’est un chemin d’herbe. Alors là tu te dis : « ben voyons donc ça se peut pas que ce soit icitte, chu perdu dans la forêt finlandaise moi-là. Ost&$? de cal€#* de tabar%#£•¥ d’indications à marde ». Cette réflexion indiquera que tu es sur la bonne voie. Bon, Juste après les drôles de courbes, juste avant le chemin d’herbe et juste après avoir l’impression d’être sur un terrain privé, tu passes une forêt sur quelques centaines de mètres et tu arrive à une intersection. À ce moment précis tu tournes ton tit bicycle à droite et tu descends vers le lac et là : talalalam tu aperçois la volvo bleu de tes rêves (celle qui roule sans avoir à payer l’essence) et nous on sirotte des bières en préparant le sauna :). Si t’as des problèmes ben dis-toi que tes pas perdu que tu fais juste visiter un endroit où t’es jamais allé. Pis dans le pire pire pire des cas le cell (suédois) à Ellen est le… » Je devais arriver vers 15h, mais j’ai eu un vent de face à 25 km/h tout le long de la route et l’adresse était en réalité 320 Inniläntie donc, Ellen et François étaient venus à ma rencontre (ou allaient à l’épicerie – au choix). j’aperçois donc la Volvo bleu des Nilsson.

Arrivé au chalet, le sauna n’était pas prêt alors François m’a montré comment le préparer. On a mis du bois dans le poêle de sauna, on a allumé le tout et deux heures plus tard la température devrait être autour de 90°C – parfait pour le sauna. Bien, après deux heures, la température atteignait à peine 40°C. Là Ellen, nous à expliqué qu’il fallait utiliser de bouleau parce que le bouleau ça chauffe plus vite. De toute façon, dans un vrai sauna finlandais, on utilise seulement du bouleau. François pense toujours que c’est parce qu’il pleuvait et qu’il faisait moins de 10°C dehors que ça prenait du temps et que le bouleau c’est comme n’importe quel bois. Je ne sais pas qui avait raison? Je sais seulement que quelques heures plus tard, François et moi étions dans le sauna à 100°C et qu’on était bien. Ellen n’était pas avec nous, car dans un vrai sauna finlandais, on ne mélange pas les hommes et les femmes. Ellen allait avoir son tour plus tard… Ah oui, dans une vraie séance de sauna finlandais, on doit aller se jeter dans le lac (5°C environ) quand on commence à avoir trop chaud. Petit choc thermique!! Et on recommence le cycle encore une fois: sauna – lac et sauna, pour finir en se rinçant avec une chaudière d’eau chaude. Et après, on relaxe avec une bière et on parle d’affaire de gars (d’où la séparation des hommes et des femmes). Ne surtout pas oublier de mettre un peu de bois dans le poêle avant de partir pour les prochains qui vont utiliser le sauna – Ellen en l’occurrence.

On passe donc le relais à Ellen qui nous revient environ 45 minutes plus tard. François et moi avions préparé le souper. Ellen en profite donc pour nous expliquer le concept de plaisir dans le sauna. Tout d’abord, 115°C, ça ne cadre pas avec plaisir – OUPS – ensuite, à 115°C, si on met de l’eau sur les pierres, ça ne permet pas de se rapprocher du concept de plaisir. C’est pas de notre faute, on n’est pas des experts en sauna, on voulait juste bien faire. On s’est dit, il faut mettre une bûche pour la prochaine utilisatrice, comme ça avait été long à chauffer et qu’on voulait être certain que la température ne baisse pas trop, j’ai suggéré à François de mettre autant de bûches qu’il pouvait dans le poêle. Je pense qu’il en a mis quatre ou cinq. On n’aurait peut-être pas dû mettre du bouleau…

Petit bilan après trois mois sur la route:

Côté mécanique et équipement – le vélo tient le coup. J’ai du remplacer les patins de frein après 2800 km parce qu’il ne restait plus rien. Sinon, tout va bien, même pas eu de crevaison encore. Les sacoches sont toutefois moins imperméables que quand je les ai achetées … en 1989. Je mets maintenant tous mes vêtements dans des sacs de plastic avant de les mettre dans les sacoches.

Côté mécanique humaine – la machine a un peu plus souffert. J’ai eu des problèmes de genoux que j’ai contrôlés grâce à 400mg d’ibuprofène par jour. Ça a marché, depuis que je suis en Finlande, je n’ai plus besoin de prendre et je n’ai plus de douleur. J’ai aussi eu le rhume pendant deux semaines lors de mon séjour à Uppsala. Finalement, j’ai eu quelques problèmes digestifs tout le temps où j’étais en Suède. Mettons que je méthanisait un peu trop – ça doit être la quantité industrielle de yogourt que j’ai mangée qui ne m’a pas fait.

Côté budget – tout est sous contrôle. Il faut continuer à faire attention et je ne peux pas me payer de luxe, mais je réussi à vivre avec 50$ par jour.

Côté horaire – je suis un en retard de quelques semaines sur ce qui était prévu. Je suis resté à Uppsala beaucoup plus longtemps que prévu et je ne le regrette pas même si maintenant j’ai de nouveaux défis à affronter avec la température qui est plus froide et les journées qui sont de plus en plus courte. Il ne reste qu’un peu plus de dix heures de clarté par jour.

Je vis encore presque quotidiennement des défis dont les principaux sont de me trouver un endroit pour coucher et savoir quand, quoi et où manger. Je travaille là-dessus…

L’aventure continue – direction le Maroc !

5 réflexions au sujet de « Au Sunoco, on tourne à droite – km 3266 »

  1. Comme on dit, tu avais le vent dans le dos… et ceux qui te suivaient l’avaient de face…

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